Un document du programme européen M.C.X./A.P.C.

 

Associer des compétences pour redonner du sens

 

 

L’idée de construire des habitations avec et pour les personnes privées de logement découle de plusieurs constats :

 

- Le logement social sous forme d’habitations " individuelles " est un logement cher. A son coût de construction faisant appel au secteur privé, il convient de déduire les aides de l’Etat (sous forme notamment d’exonération de taxes et de faible loyer de l’argent), et de rajouter les coûts de gestion des organismes locaux ou départementaux appelés " offices d’habitations à loyer modéré ". Ce type de logement est devenu cher comparé au logement social collectif des décennies précédentes. Cher aussi par sa conception qui au fil des années s’oriente totalement vers des constructions " lourdes " qualifiées de " traditionnelles ".

 

- Le logement social impose donc une tradition en matière de construction au détriment d’autres traditions telles que " le bois ". Celui-ci réapparaît toutefois doté de technologies nouvelles au profit d’habitations d’exception recherchées par une clientèle privée exigeante ainsi que dans certaines constructions dont les vastes dimensions trouvent une réponse adaptée dans sa très grande souplesse d’utilisation ainsi que dans les courts délais d’exécution.

 

- Le logement social, devenu cher, est maintenant rare. Les programmes de rénovation d’anciens logements dotés de subventions entraînent néanmoins des augmentations de loyer. Les aides de l’Etat ne sont pas assez stimulantes pour engendrer une construction massive de logements HLM ou privés. L’offre de logements ne répond plus à la demande toujours croissante. Les critères d’attribution peuvent être liés dans certains cas aux critères de solvabilité des futurs occupants. Le logement " très social " n’existe pas!

 

Il en résulte le problème crucial des sans-abri dont la fragilisation si souvent rapportée par les associations caritatives ne déclenche pas de mise en oeuvre humainement satisfaisante. L’augmentation du chômage et de la précarité accentue le problème et fait monter terriblement l’angoisse, y compris dans les familles actuellement protégées par l’emploi.

 

Construire sans but lucratif des habitations en accompagnant et en intégrant les futurs occupants au projet de construction (à base de technologies nouvelles) présenterait les avantages suivants :

 

- Sur le plan matériel, ce projet permettrait aux familles participantes de retrouver dans un délai raisonnable un élément de survie indispensable à savoir une habitation.

 

- Sur le plan humain, il serait un moyen d’aider ces familles à se reconstruire à travers le lien social créé au sein de la collectivité de travail (lien favorisé par la présence d’un accompagnant), ainsi qu’au sein de " la vie autour du chantier ", à retrouver le respect, la confiance en elles par la mise en valeur des compétences de chacun, la confiance aux autres y compris l’Etat qui serait sollicité financièrement. Ces familles retrouveraient peut-être le sens du projet à travers une vie de famille sans crainte de déracinement, à travers une intégration dans la commune d’accueil (de préférence rurale), à travers le respect et l’entretien du lieu de vie (comprendre la conception de son habitation c’est aussi comprendre la façon de l’entretenir et d’anticiper sa dégradation), ou encore à travers des projets de formation (la filière bois est porteuse d’emplois). Plus globalement, il pourrait favoriser un accès à l’autonomie.

 

- Sur la plan des contributions, il inviterait à des partenariats multiples allant de l’occupant à l’Etat, en passant par les associations qui luttent aux côtés des familles concernées (préparation de " relais humain " avec l’accompagnant), la commune pour son offre de terrain, son autorisation de construction et son accueil, la communauté de communes, le département, la région et l’Europe pour diverses contributions financières recouvrant les notions de protection sociale, famille, enfance, santé, formation professionnelle, éducation (aux technologies nouvelles, à la citoyenneté, à l’autonomie), emploi, solidarité, environnement et agriculture (pour l’utilisation du bois).

 

Ces contributions financières pourraient faire l’objet d’une centralisation auprès de la commune d’accueil ou de l’association.

 

Une analyse sociologique et psychologique des situations engendrées par de telles circonstances permettrait de mettre en évidence les niveaux possibles de transactions, de reliance, ainsi que leurs effets positifs probables.

 

Une étude sur un plan technologique permet de conclure à un accès possible à tous les participants à travers une formation de type " apprentissage " adaptée aux possibilités et motivations individuelles.

 

Une estimation des coûts liés à cette formule donne des résultats proches du coût moyen des logements sociaux actuels.

 

Les actuels constructeurs de logements sociaux issus du secteur privé se sentiraient-ils concurrencés dans leurs offres? Faut-il d’ailleurs parler de concurrence ou plutôt d’ouverture? Sans toutefois remettre en question les traditions actuelles de construction satisfaisant une majorité, d’autres doivent redevenir accessibles. L’extension à d’autres finalités doit également être rendue possible, toujours dans un même chemin vers l’autonomie.

 

 

 

Chantal Vincent Fait à Saint-Lô, le 4 novembre 1998.

19, rue Jacques Monod

50000 Saint-Lô