Lire le droit : langue, texte, cognition

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

Saura-t-on convaincre le physicien, le chimiste ou le biologiste de la pertinence pour leur discipline de cette créative recherche suscitée par les sciences du droit explorant les sciences du texte et les sciences de la cognition? Je crains de n'y point parvenir, hélas, parce que je ne saurais pas non plus convaincre l'économiste, le politologue ou le psychologue de "faire attention", eux aussi, à cette entreprise originale animée par Danièle Bourcier. Nous disposons pourtant d'un argument "fort" : l'exercice est faisable, puisqu'ils l'ont fait ! Aussi inattendu que cela puisse paraître, cette contribution des sciences du droit aux jeunes sciences de la complexité, s'avère à la fois pionnière et importante, par ses résultats, bien sûr, mais aussi par sa démarche. Qu'on ne nous demande pas de faire nôtres les paradigmes auxquels se référent chacune des contributions de ce riche dossier : certaines sont un peu trop exclusivement connexionistes (et donc déterministes), et pas assez constructivistes à mon gré : il ne s'agit pas ici d'approuver mais de démontrer, montrer que l'on peut rendre compte intelligiblement de perceptions ambiguës et complexes, irréductibles à un modèle ou à un système fermé de normes : la langue, le texte, le raisonnement, la symbolisation peuvent être entendus dans leur incommensurabilité. Les textes de A.J. Arnaud, de J.B. Grize, de D. Bourcier, de P.Y. Racccah, de J.C. Gardin (oui, l'archéologue !), parmi d'autres bien sûr, me semblent illustrer fort bien cette "portabilité" du discours, dès lors qu'il se reconnaît dans et par le texte qui le porte : les études que Charles Roig apporte depuis quelques années au programme Modélisation de la Complexité (cf. les Dossiers MCX VI et VII), illustrent et développent cette puissance heuristique de notre intelligence du texte pourl'intelligence de la complexité.

JLM.