Do the right thing, studies in limited rationality

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

Peut-on restaurer la réputation d'efficacité de la rationalité substantive ou optimisatrice (déterminer "la" bonne action, en s'aidant de la maximisation d'une fonction d'utilité présumée disponible), en prenant en compte, pragmatiquement l'impact des "coûts/durées de computation" sur la valeur finale de la fonction d'utilité ?

Toute une école de l'I.A., bien représentée ici par S. Russell (Berkeley) persiste à le croire : en s'efforçant judicieusement de mettre un peu d'ordre dans les concepts d'architecture, de programme, de comportement, d'action et de résultat, elle parvient à susciter des environnements intéressants (de jeux, pour l'essentiel), dans lesquels le "gain" permis par cette théorie normative de la Décision amendée par la théorie de la computation, est relativement convaincant. Une amélioration "à la marge" donc, qui ne semble pas s'apercevoir qu'elle se sert implicitement des ressources de l'abduction peircienne (joliment rebaptisée "syllogisme pragmatique"). Mais bien que l'on rende correctement hommage au rôle de pionnier de H.A. Simon, on ne voit pas l'irréductibilité des comportements multicritères d'un modèle de fonction d'utilité. De même le rôle du shunkage n'est pas abordé, bien que la nécessité de différencier les diverses fonctions du processus informationnel soit perçu (acquisition etc...). La discussion des architectures (SOAR surtout) est intéressante, et plusieurs aperçus sur les équivalences "Déclaratif/Procédural" et "Réactif <-> Cognitif" mériteraient d'être approfondis. Le principal point faible tient peut-être à l'absence de justification des prémices "fortes" de l'auteur : "Il semble" ou "Je crois" : .... un peu insuffisant pourbâtir un édifice lourd. Il faudrait sans doute relancer une discussion ordonnant le"métaraisonnement" dans un référentiel téléologique. Je crois que J. Pitrat est allé plus loin dans son "Méta-connaissance".