Les cheveux du baron de Mûnchhausen. Psychothérapie et "réalité"

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

"J'aimerais par ce recueil contribuer à donner une vue d'ensemble de l'évolution du modèle théorique développé au Mental Research Institute (MRI) de Palo - Alto (Californie)". C'est peut-être en effet par ce projet "panoramique de l'Ecole de Palo - Alto" que le dernier livre de P.Watzlawik retiendra l'attention. Il ne semble pas y développer beaucoup d'arguments"nouveaux" sur les thèses constructivistes qu'il contribue à reformuler et à illustrer cepuis vingt ans, mais il les fait "travailler" avec le même désir de convaincre et le même talent pédagogique. En témoignant aussi d'une culture philosophique solide dans ses références et modeste dans sa présentation. Arguments que l'exposé disperse peut-être trop au gré du lecteur puisque ce "recueil" rassemble les textes de conférences et d'articles présentés devant des auditoires différents. Le plus important sans doute, celui qui donne son titre au livre, présente de façon très vivante l'impossible et inévitable réflexivité de tout raisonnement et donc de toute entreprise de représentation de notre expérience de la réalité : le baron de Münchhausen allait périr noyé sur son cheval qui s'enfonçait dans une mare bourbeuse lorsqu'il pensa à se tirer par les cheveux, à la force de son propre bras, lui et son cheval qu'il serrait fortement entre ses genoux, jusqu'à ce qu'il échappe à ce bourbier pour regagner le bord de la mare. Autoréférence, théorie du "bootstrap", raisonnement récursif ou réflexif, dira-t-on ailleurs, occasion de "changer notre perspective sur la réalité". Le modèle de Palo Alto n'épuise sans doute pas la Complexité de notre représentation du monde, mais il nous aide à renouveller nos procédures de construction de ces representations.