Penser Global

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

Avertissement du rédacteur, Jean-Louis Le Moigne : Je ne suis pas le rédacteur de cette Note de lecture qui, ici, ne peut-être ni critique (faute d’arguments à faire valoir) ni hagiographique ou exégétique. Pourtant, je souhaitais faire partager l’effet ‘vivifiant’ ressenti lors de ma lecture réfléchissante de ces 130 pages : celle d’une réflexion à la fois argumenté et chaleureuse ; pour ce faire de façon sobre, j’ai pris le parti d’emprunter à l’auteur quelques lignes du dernier chapitre Pensée complexe et pensée globale (les premières et les dernières). Permettront-elles d’inciter de nouveau lecteurs à ouvrir le livre ? « Impliquons nous » ajoutera peu après Edgar Morin. : Extraits du chapitre VII : PENSEE COMPLEXE ET PENSEE GLOBALE « Dans les précédents chapitres j'ai abordé la question de la pensée globale d'abord sous l'angle de l'univers physique, puis sous celui de l'évolution biologique, enfin dans l'histoire, sous l'angle de l'humanité. Et j'ai ensuite envisagé la mondialisation, et même essayé d'interroger un futur qui se cache à nous pour arriver au problème de fond : le tout et la partie. Il est certain qu'il y a une résistance de plus en plus grande à ce qu'on peut appeler la pensée réductionniste, c'est-à-dire la pensée qui réduit la connaissance d'un tout à la connaissance des éléments qui le composent, ainsi qu'à la « connaissance parcellarisée », dans laquelle des réalités qui sont continues dans la nature sont découpées en sous-disciplines et disciplines. Certains ont énoncé qu'il fallait opposer à cette pensée réductionniste ou parcellarisante une pensée qu'ils ont appelée holiste, de l'idée de holos, "le tout". Mais le défaut de là pensée holiste était d'être elle-même réductionniste, c'est-à-dire qu'au lieu de la réduire aux éléments constituants d'un tout, elle réduisait la connaissance à seulement la connaissance d'un tout. Or ce que nous allons voir, c'est que la connaissance d'un tout demande la connaissance non seulement des éléments qui composent ce tout, mais aussi celle des actions et des rétroactions qu'il y a sans arrêt entre les parties et le tout quand ce tout est actif, quand il est vivant, quand c'est un tout social, un tout humain ». (P 113-114) « Notre premier impératif : contextualiser Nous savons très bien qu'un texte ne prend sens que par rapport au contexte. Même un mot, dans une phrase est toujours polyvalent, ambivalent, et il se concrétise dans un va-et-vient entre des sens variés au fur et à mesure que se précise le sens de la phrase. Quand on fait une traduction d'une langue étrangère on est obligé de faire des allers-retours entre le sens du mot que donne le dictionnaire, qui est un sens pluriel, et le sens de la phrase qui émerge lentement jusqu'à ce que qu'on trouve l'adéquation au contexte. Progressivement, le mot est éclairé par la phrase, la phrase est éclairée par le mot, et par le contexte. Mais contextualiser n'est pas encore globaliser. Pour cela il faut réinterroger la notion de système, et cela pose quelques difficultés »(p 114). …… Pensée globale, Pensée complexe. : Pour la raison ouverte  « Nous devons abandonner une rationalité fermée, incapable de saisir ce qui échappe à la logique classique, incapable de comprendre ce qui l'excède, pour nous vouer à une rationalité ouverte connaissant ses limites et consciente de l’irrationalisable. Nous devons sans cesse lutter pour ne pas croire aux illusions qui vont prendre la solidité d'une croyance mythologique. Nous sommes dans ce monde global confrontés aux difficultés de la pensée globale, qui sont les mêmes que les difficultés de la pensée complexe. Nous vivons le commencement d'un commencement. » p 128.