Fondation of Cognitive Science

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

"La bible" désormais, et sans doute pour plusieurs années, pour le chercheur comme pour l'enseignant concerné par les sciences de la cognition, entendues dans leur "unitas multiplex" : leur unité épistémologique et leur multiplicité thématique. Les problématiques, les méthodes, les domaines, les voies de développement. Une vingtaine d'articles "solides", qui recouvrent correctement le champ de cette "nouvelle science" ; le souci d'articuler les études et les concepts sans masquer les controverses ; la richesse de textes rédigés par les chercheurs nord américain "seniors" dans le domaine (H.A. Simon, A. Newell, Z. Pylyshyn, D. Rumelhart etc...).

Les sciences de la cognition sont aujourd'hui les prototypes des nouvelles sciences de la complexité. Ce manuel indispensable constitue désormais une base de départ solide et peu contestable. On veut espérer que le Programme Cognisciences" du CNRS saura s'y référer avant de la réinventer ! Confessons une satisfaction quelque peu chauvine : le dossier qu'une quinzaine de chercheurs francophones avaient produit sur l'intelligence artificielle et les sciences de la cognition, en 1986 pour la Nouvelle Encyclopédie Diderot ("Intelligence des Mécanismes et Mécanismes de l'Intelligence. Ed. Fayard­Diderot) ne "date" pas encore beaucoup lorsqu'on le considère sur ces solides fondations (lesquelles recouvrent beaucoup plus de domaines, de façon certes beaucoup plus approfondies : attention visuelle, modèles mentaux, lecture, mémorisation, etc...)

"Pourquoi s'ennuyer avec la question des fondations des sciences de la cognition ?" interrogeait Z.W. Pylychyn dans l'introduction de "Computation and Cognition ­ Toward a Foundation for cognitivc science" (1986). Légitime probité épistémologique. Une discipline qui ne s'embarrasse pas de ses fondations épistémologiques mérite­t­elle de se développer ? Avec ce solide dossier, les sciences de la cognition font la preuve de leur sérieux épistémologique, et donc de leur sérieux tout court : une "Nouvlle Science" digne de l'être !