Une économie de rêve

Note de lecture par RAYNARD Sandrine

René Passet nous propose de participer à son voyage dans Economopolie : système fermé où les acteurs supposés rationnels ne se préoccupent que de questions économiques. Irréel, penserez-vous ? Mais dans un monde fictif, tout est permis : on peut imaginer et inventer à loisir décors, scénarios, comportements des acteurs. Dans cette sphère qui paraît si lointaine de notre réalité quotidienne, un des plus célèbres réalisateurs du nom de M. Friedman (1953) s'est écrié : "C'est une idée fausse et qui acausé de grands dommages, de vouloir tester les postulats (ou hypothèses de base). Non seulement il n'est pas nécessaire que les hypothèses de base soient réalistes, mais il est avantageux qu'elles ne le soient pas." Dans le domaine onirique, la créativité peut ne pas avoir de limites pour justement en imposer aux divers personnages qu'elle anime. "L'acte économique, fit-on remarquer tout d'abord, doit s'apprécier dans son splendide isolement, hors de toute inférence avec les exigences biologiques qui le déclenchent, les structures sociales ou institutionnelles qui l'encadrent et le milieu naturel qu'il transforme", écrit René Passet.

Dans ses pamphlets décrivant la vie dans Economopolie, l'auteur met en évidence des phénomènes (crises de surproduction ou encore, un monde qui devient une vaste poubelle) provoqués par le seul appât du gain, l'avidité des plus forts. Mais les plus faibles, les plus pauvres-peuvent aussi participer activement à la méga-organisation d'Economopolie : un personnage démuni peut entasser de multiples deniers, en vendant petit à petit ses organes. Dans la mesure où offre et demande peuvent s'accorder, tout est permis, même si l'économie de rêve tourne au cauchemar humain.

Mais fort heureusement, Economopolie n'est pas notre monde, du moins pas totalement encore... Et les économistes terriens ne vont pas se laisser troubler par les histoires sarcastiques de R. Passet. Ce ne sont que des histoires! Histoires à raconter aux enfants qui seront, espérons-le, plus sages que leurs aînés.

Sandrine Raynard