Artisans de démocratie

Note de lecture par AVENIER Marie-José

Vient de sortir à University Press of America, la traduction / adaptation au contexte américain de l'ouvrage de Jona M. Rosenfeld et Bruno Tardieu, Artisans de Démocratie, initialement publié en 1997 aux Editions de l'Atelier/ Editions Ouvrières.

Rappelons (cf. Cahier des Lectures n°17 de la Lettre Chemin faisant n°31, mars 98, qui présentait cet étonnant ouvrage lors de sa publication initiale en français), que cet ouvrage raconte des histoires d'actions réussies de lutte contre l'exclusion, dans le but "d'apprendre ensemble" à partir de ces histoires.

Les auteurs nous aident ainsi à apprendre que les Volontaires d'ATD Quart Monde impliqués dans ces actions réussies ne luttaient pas seulement contre la pauvreté. Mais, plus fondamentalement, ils luttaient pour plus de démocratie, ils avaient inventé un langage qui permettait à la démocratie de fonctionner. Ils ont été des "artisans de démocratie".

Au-delà de cette clé essentielle en matière de lutte contre l'exclusion, les auteurs dégagent un certain nombre de "principes d'action récurrents" et réfléchissent aux conditions de leur mise en acte. Ces principes d'action, tirés d'actions réussies au côté des plus démunis, nous semblent avoir une portée plus générale et être valables dès lors qu'une personne est impliquée dans une action collective et a donc à interagir avec d'autres personnes. N'en va-t-il pas ainsi, par exemple, du principe : "ne pas penser à la place de l'autre" ? Une telle attitude, soulignent les auteurs, relève néanmoins d'une éthique ou d'une sagesse difficile à atteindre : pour certains la tentation est grande de prendre le pouvoir et d'imposer leur solution…

Dans un texte placé à la fin de la version anglaise, un chercheur en anthropologie de l'université Hébraïque de Jérusalem, Eyal Ben-Ary, développe une réflexion intéressante sur la méthodologie utilisée dans l'ouvrage (raconter des histoires de réussites dans le but de dégager de la "connaissance actionnable").

Que ce type d'expérience fasse l'objet d'échange et de réflexions dans d'autre langues et d'autres culture , cela ne justifie-t-il pas un moment d'attention renouvelé ?

Marie José Avenier