Méditation sur la technique

"L'homme, qu’il le veuille ou non, doit se faire lui-même, s’auto-fabriquer. Cette dernière expression n’est pas tout à fait inopportune. Elle met en exergue que l’homme, à la racine même de son essence, joue avant tout le rôle de technicien. Pour lui, vivre revient d’abord à s’efforcer à rendre présent ce qui ne l’est pas encore ; à savoir, lui, lui-même, profitant pour cela de ce qu’il y a ; en somme, il est production."

Traduit de l'espagnol (1935) par David Uzal; 
Editions ALLIA, 2017, 125 pages

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"L'homme, qu’il le veuille ou non, doit se faire lui-même, s’auto-fabriquer. Cette dernière expression n’est pas tout à fait inopportune. Elle met en exergue que l’homme, à la racine même de son essence, joue avant tout le rôle de technicien. Pour lui, vivre revient d’abord à s’efforcer à rendre présent ce qui ne l’est pas encore ; à savoir, lui, lui-même, profitant pour cela de ce qu’il y a ; en somme, il est production."
Qu’est-ce que la technique ? Pour répondre à cette question, Ortega Y Gasset revient à ce qui, fondamentalement, s’impose à tout homme : la nécessité de vivre. Plus que de survivre, le but de l'homme est le bien-être et c'est pour l'atteindre qu'il développe un répertoire de techniques (le feu, l'agriculture, la chasse). Au contraire de l'animal, il parvient à produire ce qui n'existe pas dans la nature. C'est ainsi qu'il se démarque de l'état naturel et démontre sa capacité à se détacher des stricts besoins vitaux.
Là réside aussi la particularité de l’homme, qui pourvoit à son bien-être tout en créant ses besoins. Ce à quoi répond la technique.
Par une succession de raisonnements limpides et de points de vue originaux, le philosophe madrilène, admiré de Mario Vargas Llosa, en vient à évoquer une "crise des désirs" engendrée par la technique et la soif de bien-être.
Plus de doute, l’homme est un animal pour lequel seul le superflu est nécessaire. Superflu offert par la technique – on ne saurait être plus actuel.

ISBN: 979-10-304-0692-4    Existe aussi  aux formats  ePub  et PDF

« A l’inverse, les ingénieurs, tous immergés dans leur technicisme particulier, sans l'éduation synthétique et panoramique que seule l'Université peut offrir, se sont avérés incapables d'affronter ni de prévoir le problème que la technique pose aujourd'hui à l'humanité.
En somme, la séparation radicale entre l'Université et l'ingénierie figure parmi les grandes calamités à l'origine de l’incroyable maladresse dont l’homme fait preuve dans le traitement de ses grandes préoccupations Cette séparation est, pour des raisons diverses mais complémentaires, funeste à l'Université et à l'ingénierie.
         Qu'on ne nous dise pas que le manque de contact de l'Université avec la technique a toujours existé et qu'elle a tout de même, au cours de l'Histoire, connu des heures de pleine efficacité. Je reconnais ce dernier point sans chercher à le minimiser, mais je refuse d'admettre qu'il y ait parité entre la situation de l'homme d'alors et celle d'aujourd'hui en ce qui concerne la technique. »