L'île de Luna

Roman
« … Les dernières lignes du roman, suggèrent l’instant fugace où ‘se perçoit l’entrelacs de la poésie du rêve et la prose du quotidien, qui devient peut-être aussi celui où la connaissance devient mystère et le mystère devient connaissance « …Il l eut le sentiment inouï que sa mère se faisait Lune, abandonnait la terre pour le protéger du ciel. Il regarda la lune avec adoration. La Mère était partie à jamais ; Il serait à jamais à jamais son orphelin, mais elle sera pour toujours sa Déesse. » (p 180) Ne peut-on ici citer aussi une des dernières phrases de « l’Homme et la Mort » (1 « La mort s’enracine dans le mystère qui est à la fois celui de la matière et celui de la vie » et en rouvrant « Connaissance Ignorance, Mystère » (mars 2017) que l’Île de Luna‘ qui parait quelques semaines après ?. Le lien devient reliant, reliant toujours le roman et le traité, le poétique et le prosaïque, le rêve et la quotidienneté. Peut-être alors pourrons-nous lire ce roman en l’entendant comme un Oratorio, une musique de la vie ? Françoise Bianchi a eu la chance de travailler sur le tapuscrit original et complet de ce récit, L’Ile de la mort’, qui date de 1948, et dont le titre renvoie au tableau de Böcklin dont la contemplation dans une galerie ouvre la scène.. Elle n’anticipait pas alors que ce manuscrit allait devenir n roman publié entrainé peut-être par un subreptice glissement de son titre; ‘l’Île de la mort’ devenant’ L’Île de Luna’

Présentation de l'ouvrage

Présentation de l’éditeur

Le roman qu’on va lire a vécu près de soixante-dix ans d’une vie secrète. Il sait son âge mais il a, mystérieusement, toute la fraîcheur paradoxale des commencements lointains. Largement autobiographique, il s’est écrit dans le souvenir encore inaltéré d’un deuil poignant, vibre d’une force d’empathie saisissante, a cristallisé toute l’émotion d’une première rencontre avec la mort et l’insupportable non-dit qui l’a entourée. (N.d.É.)

 

“Ma-man…”

Ce n’était pas possible qu’elle ne puisse entendre. Ce n’était pas possible que toutes les caresses, toutes les larmes qu’il versait pour elle, elle ne puisse jamais les reconnaître. Ce n’était pas possible que ses paroles à lui ne puissent traverser les airs, les éthers, l’enveloppe du ciel, jusqu’aux profondeurs de l’île. Ce n’était pas possible que les cyprès ne remuent doucement au souffle de l’appel, qu’une douce vague ne vienne clapoter avec l’appel sur la rive…(EM)

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Ndlr (JLM). L’éditeur me permettra je l’espère de reproduire ici le bref ‘Avertissement’ qu’il a rédigé pour éclairer les lecteurs s’attachant aujourd’hui à ce roman écrit il y a soixante ans et pourtant si prégnant.

Puis-je alors aussi suggérer aux lecteurs qu’intriguerait le titre de ce roman cette  brève citation de La prière à la lune  de Salammbô, princesse de Carthage (G Flaubert) qui devient l’exergue symbolique de l’Ile de Luna (p. 9)

 

« … elle releva la tête pour contempler la lune, et, mêlant à ses paroles des fragments d'hymne, elle murmura

- « Que tu tournes légèrement, soutenue par l'éther impalpable ! Il se polit autour de toi, et c'est le mouvement de ton agitation qui distribue les vents et les rosées fécondes. Selon que tu croîs et décrois, s'allongent ou se rapetissent les yeux des chats et les taches des panthères.

…. - Quand tu parais, il s'épand une quiétude sur la terre ; les fleurs se forment, les flots s'apaisent, les hommes fatigués s'étendent la poitrine vers toi, et le monde avec ses océans et ses montagnes, comme en un miroir, se regarde dans ta figure. Tu es blanche, douce, lumineuse, immaculée, auxiliatrice, purifiante, sereine.  Le croissant de la lune était alors sur la montagne des Eaux-Chaudes, dans l'échancrure de ses deux sommets. ;…. ».      …/…

Puis -je ici citer les dernières lignes du roman, qui suggèrent  l’instant fugace où ‘se  perçoit l’entrelacs  de la poésie du rêve et la prose du quotidien, qui devient  peut-être aussi celui où la connaissance devient mystère et le mystère devient connaissance

« …Il l eut le sentiment inouï que sa mère se faisait  Lune, abandonnait la terre pour le protéger du ciel. Il regarda la lune avec adoration. La Mère était partie à jamais ; Il serait à jamais à jamais son orphelin, mais elle sera pour toujours sa Déesse. » (p 180)

Ce sera en citant une des dernières phrases de « l’Homme et la Mort » (1°éd. 1955 révisée e complétée ensuite, ici édition 1970)  « La mort s’enracine dans le mystère qui est à la fois celui de la matière et celui de la vie » et en rouvrant « Connaissance Ignorance, Mystère » (mars 2017) que l’Île de Luna‘ qui parait quelques semaines après. 

Le lien devient reliant, reliant toujours le roman et le traité, le poétique et le prosaïque, le rêve et la quotidienneté. Peut-être alors pourrons-nous lire ce roman en l’entendant comme un Oratorio, une musique de la vie ?